La petite histoire de la bataille de la montagne blanche (Bitva na Bílé Hoře)

Publié le par Mille Pat

Le 8 novembre 1620 eut lieu près de Prague une bataille extrêmement importante pour l'histoire tchèque ainsi qu'européenne: la bataille de la montagne blanche. Elle fut le départ de la perte de l'indépendance de la Bohême, pour des siècles et, dans cette guerre de 30 ans qui débutait et qui révolutionna l'Europe politique et diplomatique, elle marqua la prééminence catholique. Aujourd'hui, un quartier-colline de Prague porte encore ce nom, Bílá Hora, et s'y déroule chaque année une reconstitution de la bataille. On peut aussi admirer dans la Cathédrale Saint-Guy, au château, un panneau sculpté en bois qui montre Prague au XVIIème siècle, telle qu'elle était lors de cette triste conclusion pour les Tchèques et les protestants.

 

Mais l'objet de cet article n'est pas de donner un cours d'histoire, ceux qui sont intéressés trouveront sans problème toutes les informations souhaitées sur Internet, mais d'entrer dans l'histoire par la petite porte, celle du quotidien. En effet, lors de mes recherches généalogiques qui me condusient à fouiller dans les Archives départementales, j'ai lu un article, publié sur un site spécialisé, qui parle de ceci:

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Il s'agit d'un extrait d'un registre des Baptêmes, Mariages et Sépultures du village d'Andelot, en Haute-Marne (52). Il date  de 1621. A cette époque, ces registres étaient tenus dans chaque paroisse par les curés. L'Etat-Civil que nous connaissons date de la période révolutionnaire à la fin du XVIIIème siècle. L'acte rapporte le décès d'un homme mort lors de...la bataille de la montagne blanche.

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(cf. en bas à gauche)

L'acte dit ceci:

« Benjamin GALOIS gruyer des eaux et forests de cette prevosté a décédé le

lundy [ ] après la bataille donné auprès de Prague de

L'Ampereur contre de Palatin ???? roy de Boesme lequel roy

perdit la bataille contre l'empereur, le[dit] Galois et Mr

VOUGNY [ ] ????? et aultres qui estoient alors au service du[dit]

Empereur soubz l'enseigne de Mons. le baron de [ ] 1620. »

 

Il est coincé entre un acte du 8 juin 1621 et un de juillet 1621, ce qui signifie probablement que la nouvelle est parvenue au village 6 mois après la bataille! On y appréhende aussi l'évolution de la langue française, de l'orthographe en particulier. Reperez la transformation, par exemple, du "es" de l'époque en "ê" d'aujoud'hui: Boesme / Bohême, forest / forêt. Notez que la mémoire du "s" perdure dans "déforestation". Arrêtez-vous aussi un instant sur ces "y" finaux comme "lundy" ou "roy". On y découvre également des métiers ou termes inusités de nos jours: un gruyer était un officier public qui s’occupait des forêts qui appartenaient à une autorité légale, souveraine, une sorte de garde-forestier, en quelque sorte. Et on y pratiquait déjà l'abréviation puisque Mons. fait référence à Monseigneur.

 

Quand l'Histoire rencontre l'histoire, quand la France rencontre la Bohême...

 

(Merci au Centre Généalogique et aux Archives départementales de la Haute-Marne)

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